Les cépages du Valais
Le petit dico viticole
Que serait le Valais sans son fameux Fendant, sa Petite Arvine ou son Cornalin ? Difficile d’imagine une époque où l’on ne parlait que de raisin. Et pourtant… !
La première mention d’un nom de cépage dans un écrit remonte à 1313. On y parle alors de Rèze – c’est d’ailleurs le plus ancien cépage cultivé en Valais. Il reste rare dans le canton, mais sert à la production d’un vin bien connu dans le Val d’Anniviers : le Vin des Glaciers.
De nos jours, nous cultivons 55 cépages autorisés. Certains sont considérés comme autochtones (nés en Valais), tandis que les traditionnels sont apparus avant 1900 et d’autres dits allogènes sont apparus plus tard. Mais connaissez-vous leur histoire ?
Outre la Rèze, qui autrefois répandu dans les Alpes est devenue une rareté du Valais, ce canton abrite deux autres cépages blancs autochtones :
- L’Amigne, dont la première mention dans un document remonte à 1686 et qui s’épanouit aujourd’hui principalement à Vétroz
- La Petite Arvine, ambassadrice des Vins du Valais dès le début des années 2000. Délicate à cultiver, cette dernière a longtemps été délaissée. Difficile de l’imaginer, puisque c’est aujourd’hui un des vins blancs les plus connus du Valais.
L’Humagne Blanche a longtemps été considérée comme autochtone du Valais, puisque sa première mention remonte à 1313 et que nulle part ailleurs on ne trouve de synonyme. Pourtant, tout s’est écroulé à la suite de tests ADN, qui ont montré que ce cépage puisait en fait ses origines… dans les Pyrénées Atlantiques ! Ce cépage est toutefois le protagoniste d’une légende bien ancrée : les anciens croyaient que les vins issus de ce cépage contenaient beaucoup plus de fer que les autres. Aussi, il était connu sous le nom de « vin des accouchées », afin d’aider les jeunes mamans à remplir leurs stocks de fer après avoir enfanté. Bien que cette croyance ne fût pas fondée, aujourd’hui encore, la tradition est d’offrir une bouteille d’Humagne Blanche aux jeunes parents.
Bien entendu, de nombreux autres cépages blancs sont cultivés en Valais. En voici quelques-uns :
- Le Chasselas, apparu très tôt en Valais (avant le 18ème siècle), donne l’emblématique Fendant et est un outil de promotion vitivinicole depuis 1848. Ce dernier doit son nom aux grains qui se fendent quand on les presse au lieu de gicler
- Le Sylvaner, qui donne le Johannisberg, appellation protégée depuis 1966
- La Marsanne (Ermitage), originaire de la Drôme et arrivée en Valais entre 1845 et 1870
- Le Muscat, dont les premières mentions remontent à 1535
- Le Savagning Blanc (qui s’appelle Païen ou Heida en Valais), nommé ainsi car cultivé dans ce canton avant l’évangélisation
- Le Pinot Gris, qui malgré sa couleur bleutée est un cépage blanc et qui donne en Valais la Malvoisie
- Le Chardonnay, introduit dans les années 1920 et origine de Bourgogne
Du côté des rouges, on pense principalement à deux noms lorsque l’on parle de cépages autochtones du Valais :
Le Cornalin, difficile à travailler, dont la première mention écrite remonte à 1313. Réputé pour ses vertus médicinales, ce cépage a failli disparaître au début du 20ème siècle, avant d’être réhabilité dans les années 1970
L’Humagne Rouge, cépage historique du Valais malgré ses origines valdôtaines. Apparu à la fin du 19ème siècle, il est pourtant un vin rouge à forte identité valaisanne.
Le Diolinoir, quant à lui, a été inventé en Suisse dans les années 1970 mais n’est pas forcément plus cultivé en Valais que dans les autres cantons. A la base créé pour donner du corps et de la couleur aux assemblages, il est de plus en plus vinifié seul.
De nombreux autres cépages rouges s’épanouissent sur les divers sols valaisans :
- Le Gamay, introduit en Valais au 19ème siècle, qui trouve ses origines dans le Beaujolais et s’épanouit dans les sols granitiques
- Le Pinot Noir, qui a permis aux vignobles valaisans de se développer et qui aime les sols calcaires. Assemblé avec le Gamay, le Pinot Noir donne le célèbre vin valaisan nommé la Dôle.
- Le Gamaret, cépage résistant aux maladies et beaucoup utilisé dans les assemblages
- La Syrah, originaire des Côtes-du-Rhône et présente en Valais depuis 1926
- Le Merlot, cépage le plus cultivé en France mais introduit tardivement dans le canton alpin (au début des années 2000)
- Le Cabernet Sauvignon, dont la première mention en Valais remonte à 1862 sous le nom de « Bordeaux » et utilisé pour beaucoup d’assemblages
Vous désirez en savoir plus sur le patrimoine valaisan lié à la vigne et au vin ? N’hésitez pas à commander l’ouvrage de référence « Histoire de la vigne et du vin en Valais, des origines à nos jours » ici ou à visiter l’exposition permanente à ce sujet au Musée du Vin à Salgesch.